J’ai toujours su que j’allais être une maman. Je ne savais pas quand cela allait arriver, mais je savais qu’un jour un enfant allait m’appeler “manman”. Lorsque, l’an dernier, j’ai eu la confirmation que j’allais enfin accomplir mon rêve, j’étais extrêmement contente. J’allais donner la vie. Un petit être humain grandissait en moi. Puis, j’allais avoir l’honneur de le mettre au monde. La naissance était le moment auquel j’avais le plus hâte. J’avais hâte d’accoucher. J’étais excitée de vivre cette expérience que seules les femmes ont l’honneur de vivre. Donc, j’ai dévoré toutes les pages de mon livre de maternité et je me suis imaginé mon accouchement quotidiennement. Je me voyais donner naissance à mon bébé avec force et grâce. Je m’imaginais accoucher à la maison de naissance de mon quartier. Seulement, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.
Je me suis préparée.
Il est important de savoir que j’adore apprendre. Puis, depuis au moins cinq ans, je consommais avidement du contenu sur la maternité et la péri-natalité. Ce que le corps de la femme a le pouvoir d’accomplir me fascine. J’ai regardé tellement de vidéos, j’ai lu tellement d’articles. J’ai lu Une naissance heureuse : bien vivre sa grossesse et son accouchement” de Isabelle Brabant. J’ai lu ce livre, d’une centaine de pages, au complet durant ma grossesse. Franchement, la seule section du livre que j’ai volontairement ignorée est la section sur les interventions médicales. Je ne pensais pas en avoir besoin. Mon plan de naissance était clair : j’allais vivre un accouchement naturel. Seule ma sage-femme et mon partenaire allaient être présents lors de l’accouchement. En fait, je ne voulais rien savoir des médecins, ni des infirmières. Je ne voulais pas y penser et risquer d’attirer des vibrations négatives. Ils n’allaient pas être là, car tout allait bien aller.
J’ai tout imaginé.
En vérité, je suis une fervente croyante de la manifestation et de la visualisation. La visualisation est un moyen pour moi de définir ce que je veux, de centraliser mon énergie sur des pensées positives et d’ainsi diminuer mon stress. En m’imaginant donner naissance à mon bébé, je gagnais en confiance. Je me voyais vivre ce miracle positivement. J’ai imaginé notre première rencontre. J’ai visualisé le bonheur et la fierté dans mes yeux, j’ai senti l’amour que j’avais pour ma petite fille. C’était comme si je l’avais déjà vécu. Ainsi, l’accouchement n’était plus un terrain inconnu. Bref, je pensais que mon accouchement allait se passer comme je l’avais prévu.
Ça s’est passé autrement.
Malgré tout, la vie a voulu que ça se passe différemment. Lors de ma visite de suivi avec ma sage-femme, on a découvert que ma pression artérielle était très élevée. Je faisais de la pré éclampsie. À 38 semaines de grossesse, mon monde s’effondrait. Pourtant, toute la grossesse s’était si bien déroulée. Pourquoi ça m’arrivait là, maintenant? Cette journée-là, mon rêve de grossesse a éclaté en mille morceaux. Mon état de santé ne me permettait plus d’accoucher avec ces sages-femmes formidables. Les choses avaient changé. Je ne vivais plus une grossesse dite normale. Nos vies étaient en danger. Par conséquent, j’allais devoir accoucher à l’hôpital. J’allais être provoquée. Puis tout ça, dans cet univers froid et pandémique. Malgré tout, je suis contente de pouvoir dire que j’ai été traitée avec bonté et humanité par l’équipe médicale. Un traitement que je sais que plusieurs de mes sœurs n’ont pas eu. Et, par bonheur, mon bébé est né en bonne santé. Sauf que, cela n’empêche pas que j’ai tout de même vécu plusieurs traumatismes. Mon ventre a été ouvert en urgence. Cette procédure à beau être courante, elle a laissé plus d’une cicatrice.
Enfin, certains vont dire : “Au moins, ton bébé et toi êtes en bonne santé.” C’est vrai. Mais, j’ai le droit d’être déçue. Tu n’as pas à tenter d’effacer mon sentiment. La vie nous oblige à nous adapter. Durant ces cinq jours d’hospitalisation, je me suis adaptée, je me suis ouverte à l’équipe qui a pris soin de moi. C’est mon ouverture, ma capacité d’adaptation, ma connaissance de mon corps, mon entourage et la merveilleuse équipe de sages-femmes qui m’ont aider. Ça ne s’est pas du tout passé comme prévu, ça n’a pas été facile, mais j’y suis arrivée.
